Charles Spencer Chaplin est né à Londres le 16 avril 1889. Ses parents, Charles et Hannah, tous deux artistes de music-hall, se séparent avant ses trois ans. Mme Chaplin se bat pour élever Charles et son demi-frère aîné Sydney, enfant illégitime, malgré sa santé défaillante (elle a fini par être internée en hôpital psychiatrique). Vivant la plupart du temps dans des conditions d’extrême pauvreté, les deux garçons passent le plus clair de leur petite enfance dans des institutions pour jeunes indigents.
À dix ans, cependant, Charles débute sa carrière professionnelle dans une troupe d’enfants danseurs de claquettes. Pendant plusieurs années, il joue le petit groom Billy dans la pièce Sherlock Holmes, apparaissant même dans ce rôle dans un théâtre du West End, à Londres. D’autres emplois dans le music-hall finissent par aboutir à son recrutement dans la troupe de Fred Karno, le plus grand imprésario britannique de spectacles de cabaret. Les talents comiques exceptionnels de Chaplin en font très vite la star de la compagnie Karno. Fin 1913, lors d’une tournée dans les music-halls américains, il est remarqué par Mack Sennett et engagé dans la Keystone Comedy Company à Hollywood. C’est le début d’une longue série de courts et de moyens métrages. Il crée alors le costume et le maquillage qui vont le rendre célèbre ; en l’espace d’une année, il a pris le chemin d’une gloire et d’une affection internationales, telles qu’aucun autre comédien n’en a jamais connu.
Rapidement, il passe d’une compagnie à une autre, avec un salaire qui n’en finit pas de grimper, toujours en quête d’une plus grande autonomie créative. En 1918, il monte son propre studio et en 1919 il est cofondateur, avec Douglas Fairbanks, Mary Pickford et D.W. Griffith, de United Artists (les Artistes Associés), une maison de distribution indépendante. Avec des chefs-d’oeuvre comme L’Émigrant, Charlot soldat, Le Gosse ou La Ruée vers l’or, Chaplin apporte une nouvelle dimension à la comédie, pas seulement par les talents extraordinaires de son jeu d’acteur ou de sa créativité burlesque, mais aussi dans le domaine de l’étude de caractère, de l’émotion et de la satire sociale présentes dans ses films. L’avènement du parlant a constitué un problème plus difficile pour Chaplin que pour les autres stars du muet. Il avait conquis le public du monde entier grâce au langage universel de la pantomime; et dans ses premiers films parlants, Les Lumières de la ville et Les Temps modernes, il continue en fait à réaliser des films muets, utilisant le nouveau support du son uniquement pour ajouter aux images un accompagnement musical synchronisé et préenregistré. Quand il se lance enfin dans les dialogues avec Le Dictateur en 1941, il prouve qu’il peut manier le son et la parole à la perfection.
Chaplin a connu une dévotion universelle quasi unique; mais dans la paranoïa ambiante des États-Unis d’après-guerre, il est la cible des attaques répétées d’une droite américaine qui le soupçonne pour ses positions radicales. Le FBI, sous la direction de son célèbre patron J. Edgar Hoover, orchestre contre lui à grand renfort de publicité un procès en reconnaissance de paternité qui ne fait qu’éroder un peu plus sa popularité. En 1952, Chaplin choisit d’établir sa résidence permanente en Suisse plutôt que de continuer à se battre contre les Etats-Unis. Il réalise deux autres films en Europe, publie deux autobiographies et continue à écrire des scénarios et à composer de nouvelles partitions musicales pour ses anciens films muets pratiquement jusqu’à sa mort, dans la nuit de Noël 1977.